Ils sont revenus, vainqueurs de la Cordillère Blanche au Pérou, où ils ont passé le mois d’août. Trois rennais et deux lorientais dont Bruno du KT, tous membres du Club Alpin Français. L’objectif était l’ascension du Huascaran (altitude 6768m, plus haut sommet des tropiques) en autonomie, c’est à dire sans porteur et sans guide, objectif atteint et même dépassé, puisque lors de la phase d’acclimatation obligatoire à ces altitudes, nous avons gravi: Le Pisco (5752 m), le Chopicalqui (6354 m) dont nous raterons le sommet à 200 m près, justement par manque d’acclimatation et le Copa (6118 m) à l’arrachée, en seulement deux jours, avec les sacs de 28 à 30 kg…Soit un 6000 de plus que prévu initialement.
Mais le morceau de bravour restera l’ascension en 6 jours du Huascaran. Jusqu’au bout nous aurons eu un doute sur nos chances de réussite, car sans guide, nous n’avions pas l’autorisation de monter et les autorités du parc étaient tatillonnes depuis la mort, 3 semaines autaparavant d’un japonais et de son guide péruvien seulement 100 m au dessus du camp 2. Mais c’était compter sans notre obstination toute française !
Nous avons donc eu tout le loisir de nous geler par – 10 °c, de cuire par + 50 °c (sous la tente) et de crouler sous nos charges démesurées. Ainsi que de vérifier que cette montagne était effectivement dangereuse par le nombre et la taille de ses crevasses (mention particulière pour celle du japonais (Dieu ait son âme, les sauveteurs retrouveront son corps, le lendemain de notre descente, à 55 m de profondeur, bien enchâssé dans la glace…) sur laquelle nous passerons 2 fois sans problème mais non sans appréhension), ainsi que par son cheminement permanent sous des serracs hereusement très sages ce jour là.
Le sommet se fit désirer aussi, retranché derrière une ultime crevasse à 6400 m que nous avons passée en sautant après écroulement des ponts de neige, sans avoir jamais vu son fond. Le dôme final nous vit puiser dans nos ultimes réserves, une photo, c’est beau, on se casse !
Nous avons fini par redescendre du camp 2 à Musho en une seule journée, soit 3000 m de dénivelé, trop pressés que nous étions de dormir dans un vrai lit le soir même !
Une montagne belle et authentique, vierge d’aménagement touristique, où l’ humain retrouve sa place … modeste, très modeste !
Des habitants carrément sympas, dont beaucoup resterons gravés dans notre mémoire.
Une destination à conseiller même si on n’est pas obligé de se faire mal comme nous l’avons fait…