IBERMAN 2014

« ¡ A TERRA ! »
Allez, nous ne traînons pas car 21h15, c’est le briefing à l’hôtel. 1er étonnement, il est commencé. Bon, on se cale dans un coin et je tente de suivre les plans et surtout les traductions de Nath. Je note bien le parcours natation…
21h30, direction la chambre et les derniers préparatifs avant une courte nuit. Debout, 4h40 et petit dej à 5h histoire d’être tranquille. 6h, départ pour le parc à vélo puis 6h45 direction la plage, je ferme la combi et positionne bien mes manches, crac! un trou sous l’aisselle. Super, ça commence bien (c’est une couture à l’intérieur qui a craqué et donc le collé à l’extérieur n’a pas résisté, ouf c’est donc réparable chez Zerod).
7h00, top départ, je cours devant pour pas perdre la meute et suivre les pieds lol Mais comme à St-Brieuc, en 300m, je sens bien que ça distance! Nous sommes plus qu’un groupe d’une dizaine ensemble dont certains me semblent zigzaguer car je fixe le plus possible la 1ère bouée et je suis bien en ligne.
Arrivée à cette bouée, c’est la ligne droite parallèle à la plage mais là, c’est la surprise! Le soleil est juste en face et impossible de voir quoi que ce soit! ça brille sur l’eau de mille feux. Et merde!!! tout le monde se dispersent, plus de poisson pilote alors. Chacun sauve ça peau lol je finis par apercevoir la bouée suivante puis la troisième avant de virer mais avec combien de zigzag??? Je tire direct en prenant un bâtiment en point de mire qui me semble en ligne avec l’arche sur la plage. J’aperçois la bouée à quelques mères de la plage. La veille sur la diapo, il fallait la contourner pour attaquer le deuxième tour. Je la contourne donc  et file droit quand tout à coup j’entends siffler puis un bateau s’approcher de moi en me disant  » a terra! » je réponds « A terra? » et il me fais signe oui. Bon, je peste et fais demi-tour. Je sors de l’eau et ne comprenant pas ce que l’on me dit, je file sur les planches et je regarde ma montre 59′ quoi 59′ pas possible, il y a un gros problème puis les 1ers débarquent derrière moi, je cours sans comprendre et un arbitre portugais me stoppe à l’entrée du parc, j’essaie de lui faire comprendre que j’ai fait qu’un tour, il me fait signe que oui et me dit de repartir.
En colère contre l’organisation et moi même, je cours et tente de renfiler les manches de la combi, en vain. Nath m’a rattrapé, je lui dis heu j’hurle oui c’est fini, je peux pas, j’arrive pas à renfiler mes manches!!! Un bénévole arrive et m’aide, cette fois c’est sûr je suis hors course. Mais non, l’arbitre sur la plage me fait signe de foncer faire mon deuxième tour.
Pfff, c’est mort, je suis seul à l’arrière, le soleil va encore me niquer dans la ligne droite et je serai comme un aveugle mais là, un canoë me guide et je file de bouée en bouée puis je retire le bord pour être en ligne avec l’arche mais non croyant en finir, faut encore que je contourne la dernière bouée face à l’arche. c’était encore pas sur la diapo la veille. Bon, je sors, loin de la plage et cours dans l’eau donc, vraiment une galère car le fond est trop proche pour nager jusqu’au bout (marée descendante?)
Sur la plage et les planches, l’angoisse, suis-je hors délai? La course s’arrêtera t’elle au parc à vélo? Après les 500m de planches, je tourne dans le parc et voit là un seul vélo, le mien mais pas de stop et même des encouragements de toute part! Je m’extirpe de la combi comme je peux, j’enfile mon casque aéro et décroche mon tricycle du portant (oui mon tricycle, sur le portant, il touchait pas le sol! Véridique!!!) Je me dis quel kéké avec son casque aéro et sa roue lenticulaire, c’est ce que se doit se dire les personnes autour et sur le parc car étant le blaireau de service. Décidément, j’ai la médaille d’or de la clé à molette voir du kit complet Facom!
Allez, Nath m’hurle de pas lâcher et de monter sur ce putain de vélo!!!
Je file dans la ligne droite, un motard m’ouvre la route, la classe à Végas. Puis je tourne dans Villaréal Do Santo Antonio et là, 2kms, oui 2 kms de pavés! Une galère de plus, limite à pieds, en mode vibro lol
Mais je double un vétéran heu V4/V5 je pense, c’est pas glorieux mais c’est déjà ça. Puis au km 12/13, une féminine, je commence à me reconcentrer et à repositiver.
Jusqu’au km 100/105, c’est le rouleau compresseur, je double des concurrents et compte déjà quelques abandons. Mais je saute que le 1er ravito au km 18, après je prends 2 minutes à chacun pour m’hydrater et recharger les bidons (825ml sur le guidon et 2 X 750ml derrière la selle), j’ai en plus 6 barres de céréales, 3 moelleux aux amandes et 4 sticks énergétiques dont un salé pour les bidons Effinov. Tout passe bien, aucune aigreur ou nausée.
Mais malgré tout après la chaleur ayant encore bien monté, les ravitos se font plus éloignés en pratique qu’en théorie. Plus de gorgées et de trempage se faisant, je me retrouve plus vite en rupture! Entre le 120 ième et le 150 ième kms, je finis par rouler à 20kms/h maxi voir peut-être moins, mon Garmin ne donne plus les kms et donc de vitesse. Les merdes continuent mais ça c’est un détail. C’est aussi que lignes droites et oscillations qui se suivent, sont un véritable casse morale. Tu crois arriver en haut de la ligne droite et non, tu recommences encore et encore… Le tout sous un soleil de plomb au point que je crois apercevoir à un moment sur ma gauche un étang mais non ce sont des brumes de chaleur en contre-bas d’un champs de cailloux et de cactus, oui de cactus! Putain, je suis dans la vallée de la mort et complètement dans le dur là et je me déshydrate de plus en plus. Plus rien dans le bidon avant, 2 fonds d’eau chaude dans les bidons arrières.
Je fais quoi, je bois mes dernières gorgées ou je trempe juste mes lèvres avec l’un et tente de me rafraîchir encore un peu avec l’autre. Je prends cette 2ème option et espère finir par basculer pour de bon et voir enfin ce petit panneau indiquant un ravito.
Au 150 ième, un ravito, ouf, l’un des bénévoles me décasque et me verse une bouteille d’1.5L d’eau fraîche sur la tête, un pur bonheur!!! Je recharge tout et vide d’un trait une petit bouteille d’eau en plus. Je repars alors comme un sou neuf. Le miracle de l’eau et la fraîcheur passagère requinquant le pimousse.
Arrivée à T2, une dernière côte et même un mur pour accéder au parc est mon juge de paix. Si je passe sans cramper, je pars en cap sinon je raccroche!
ça passe! Je prends tout de même mon temps, je crème bien mes pieds, enfile mes chaussettes car ils ont déjà assez souffert à vélo (limites ampoules), enfile mes runnings, place mes bidons de ceintures, vissent mes lunettes de soleil et ma visière et hop en avant pour la suite des galères.
A peine sorti du parc, je rattrape un concurrent et le sentant fébrile, je lui tape dans le dos et lui dis de m’accrocher. Il me suit alors et dévale la pente dans mes pieds, au passage, encore une photo, au moins il aura une belle photo aussi de lui en courant et non en marchant. Sur le replat, je sens bien que je ferai pas les 42kms comme ça et commence à lever pied. Je me retourne et m’aperçois qu’il marche un peu plus loin. Vlan, il me casse le morale et prend direct un coup de chaud. Je m’hydrate et marche quelques mètres. Je relance mais la sortie d’autoroute, oui oui d’autoroute que nous empruntons pour rejoindre le Portugal par le pont enjambant le fleuve me casse définitivement, je marche jusqu’au pont et repars pour le traverser en courant. Ce sera alors 14kms pour rejoindre Vilaréal Do Santo Antonio depuis Ayamonte qui me paraitrons les plus longs. Seulement 2 ravitos et uniquement de l’eau. Puis c’est les 3 boucles de 9.250kms entre Vilaréal Do Santo Antonio et Monte Gordo avec ses ravitos tout les 3kms. Chaque tours se ferons entre marche et course, j’essaie de courir le plus possible mais la longue ligne droite en A/R m’use et je finis souvent par du 50/50 voir 75/25 de course. Au dernier tour, je me force et réussi un 35/65 de course pour finir par basculer sur le centre-ville piéton et ses 250m restant avant l’arche d’arrivée. J’ai dû tenir à ce moment là pas loin du km en courant tout en accompagnant un concurrent portugais qui ma foi m’a bien motivé même si pour lui, c’est moi qui l’ai motivé à tenir le rythme. Au dernier virage, ses enfants et sa femme l’ont rejoint alors j’ai fini seul au sprint.
Si il avait été seul jusqu’à l’arche, j’avais prévu dans un coin de ma petite tête de rester avec lui et de passer la ligne ensemble côte à côte.
La ligne passée, il est alors venu me remercier pour le coup de boost final.
Voilà, une longue journée de galère voir de souffrance se termine. Place au massage (douloureux), à la fièreté de cette médaille et de ce polo de finisher sur les épaules.
Car oui, ces deux là, je suis allé les chercher avec les tripes, c’est clair!!!
Putain de course mais quel plaisir aujourd’hui d’en reparler surtout avec toutes ces images plein la tête et les coups de soleil sur les épaules et les omoplates lol
Je suis cuit comme un poulet rôti! A tel point que la cuisson étant optimal, je retire la peau facilement beurk!!!